New York regorge de vestiges industriels. Les entrepôts, les réservoirs à eau rouillés, les voies ferrovières abandonnées agrémentent ses rues et nous parlent de la Cité au passé. La High Line est née précisément d'un de ces vestiges, du magma d'acier d'une vieille voie aérienne de métro vouée à la destruction. Le beau surgit souvent de terres désolées, d'espaces dévastées. Ce lieu unique en est une éclatante illustration. Si pendant votre visite vous croisez la route de Johnny Linville, le l'horticulteur en chef de la High Line, il vous racontera avec passion l'histoire de celle-ci. Destinés à disparaître, les lieux ont été sauvés par un collectif de citoyens impliqués, Les Amis de la High LIne, puis transfigurés en jardins suspendus grâce au soutien financier des artistes New Yorkais.
La promenade qui vous tend les bras est une ode à la formidable aptitude de New york à sans cesse repousser ses murs de verre et d'acier pour s'aménager des espaces de respiration. La ville entetient ainsi soigneusement son image de Cité écologique du 21 ème Siècle en réalisant ce que d'autres rêvent. Celle que l'on nomme la "coulée verte" s'étend de la 10ème à la 34ème Rue. Il est important d'emblée de préciser qu'il n'existe que neuf entrées pour accéder à la High Line et que de ce fait, il n'est pas possible d'entrer ou de sortir à tout moment du site. Du Sud au Nord, les accès aux lieux se situent sur Gansevoort Street au coeur du Meatpacking District, et sur les 14ème, 16ème, 18ème, 20ème, 23ème, 26ème, 28ème, et 30ème Rues.
Pour ma part, je vous invite à emprunter la High Line sur la 23ème Rue au coeur même de Chelsea. Vous pourrez ainsi découvrir ce magnifique quartier avant ou après avoir exploré les jardins suspendus. Ce que vous allez voir sur la High Line, relève du miracle. On est en effet médusés par la vision qui s'offre à nous. De vestiges industriels à l'abandon, voués à une mort certaine, émergent aujourd'hui des carrés verts et parterres de fleurs qui tutoient un environnement urbain, tantôt moderne, tantôt âpre, entre futur étincelant et passé laborieux.
Trois mondes s'enlassent autour de la High Line: le New York des quartiers dont les artères apparaissent sous nos yeux dans une vision aérienne, le New York du Public Art, où l'Art urbain s'affiche partout, et le New York des constructions audacieuses qui vit déjà son futur au présent.
Ces trois mondes vous accompagnent dans ces jardins suspendus qui déploient leur verte parure sous vos pieds. Si votre voyage commence à la 23 rue, remontez la High Line au Nord dans la direction de Midtown. C'est le New York des quartiers qui vous attend ici, celui de l'ère industrielle. La voie verte vous ouvre un passage entre les immeubles à la rugueuse physionomie et vous fait l'offrance d'une vue imprenable sur les rues figées dans un temps révolu.
Elle vous donnera également à voir diverses manifestations de l'Art public, qu'il s'affiche dans les artères de la ville ou dans la cour des immeubles. L'Art se met aussi en scène dans les jardins de la High Line, et apparaît à notre regard, dans des visions saisissantes, épousant à la perfection les courbes et les couleurs de ce lieux pas comme les autres. Ainsi, ce visage peint en noir et blanc qui contraste avec le verdoyant décors et le bleu azur de la ville qui se détache au loin. Et pourtant, le tableau est parfait, le mariage des contraires va si bien à New York.
Au niveau de la 34 ème, tout s'arrête soudain. La High Line prend fin brutalement mais nous offre, avant de s'éteindre, une splendide vision panoramique de Midtown qui accroche le regard et nous laisse en contemplation rêveuse pendant de longues minutes. Il nous faut ensuite rebrousser chemin. Nous embrassons alors en sens inverse (direction Meatpacking District) le meilleur de la "coulée verte".
Ici vous entrez dans des lieux de halte où vous pourrez vous poser et vous reposer. L'un d'entre eux, le Lawn And Seating Steps, déploie ses escaliers de bois stratifiés pour vous accueillir. Il est le prolongement d'un bâtiment industriel d'un autre temps dont les briques rouges répondent en échos au vert tapis qui se déroule à ses pieds et aux immeubles futuristes se détachant à l'horizon.
Ici les époques nous observent et nous sommes happés par cet improbable décors. Autour de nous les rues se déploient, du haut du balcon des jardins suspendus, dans le manteau chic du Meatpacking District.
Plus loin, nous rencontrons une Légende, le Standard Hotel qui surplombe la High Line dans sa parure bleue électrique. Nous sommes au coeur de l'élégance à la New Yorkaise.
Plus loin encore, le futur nous toise. Un immeuble torsadé, ayant une vue imprenable sur l'Hudson River, se donne des allures de Cité française de la Grande Motte, au dessus des bosquets de fleurs de la High Line. A cet égard, il convient de saluer le magnifique travail du Chef horticulteur des lieux, Johnny Linville, déjà évoqué, et de la jardinière du Parc, Meg, véritables Maîtres d'oeuvre de cet environnement floral d'exception.
Dans cette partie des jardins suspendus, entre la 14 ème Rue et la 23 ème, les structures futuristes s'offrent dans des perspectives et des couleurs haliucinantes qui font vaciller le regard. Nous sommes ici entre rêve et réalité. Nous sommes à New York, mais celle-ci, ville-caméléon, nous donne le sentiment d'être ailleurs.
Sur la High Line, les perceptions se trouvent bouleversées. Les lieux nous transportent dans une dimension intemporelle et dans un univers non identifiable. Si les artères de la ville ne nous accompagnaient pas tout au long de notre cheminement, on en oublierait presque que nous sommes dans la Cité de l'Atlantique. Là encore, la ville nous offre un visage inattendu, bien loin des figures imposées par les lieux communs. C'est ce New York qu'il convient de découvrir. Et le quartier qui nous ouvre la voie vers cette Cité de quiétude, ces jardins inattendus, est Chelsea dont l'essence profonde demeure méconnue. Et pourtant que de richesses nous attendent là. Partons à sa rencontre. C'est la prochaine étape de notre voyage.
Texte et photos : Brigitte MAROILLAT
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