La police de New York, "Courtesy, Professionalism, Respect"

 

Ne voyez nullement en cet article, une quelconque apologie des forces de l'ordre en terre d'Amérique. Tel n'est pas notre propos. Il s'agit seulement de vous faire partager ce qu'il nous a été donné d'observer en qualité de visiteur étranger du dévouement et de l'attention des policiers New Yorkais. Nous avons déjà évoqué la police de New York dans l'article consacré à Chelsea par l'entremise de notre rencontre impromptue avec l'agent Jackson laquelle, de par ses conseils avisés, a éclairé notre visite du quartier dans ce qu'il a d'insoupçonné.

Le naturel avec lequel les New Yorkais s'adressent à nous ne surprend guère. Leur réputation réside précisément dans cette spontanéité, ce côté cash qui conduit à parler de soi sans voile. Pour eux, se dissimuler, avancer masquer, est une perte de temps. Mettons tout sur la table, les choses en seront facilitées. Cette spontanéité est en revanche  davantage étonnante quand elle émane d'un agent de police, comme l'agent Jackson, qui vient naturellement vers vous pour parler photographie et visite du quartier. Force est de constater que dans l'esprit du voyageur d'ailleurs un telle situation ne va pas de soi.

Les policiers New Yorkais sont à l'image de la Cité, ils sont de grands observateurs du monde, le regard continuellement tourné vers autrui. Ils sont attentifs, en tous le sens du termes. Attentifs aux évènements, une attitude cristalisée dans une vigilence de tous les instants redoublée depuis les attentats du 11 Septembre 2001. Attentifs également aux gens, pas seulement à leur sécurité mais à leurs personnes mêmes. Cette attention à l'être humain est palpable à tous les coins de rue. Je songe notamment à cette voiture de police qui s'est arrêtée uniquement afin d'aider une mère de famille en difficulté, avec landeau et courses, pour traverser la rue. Des gestes simples auxquels on ne s'attend pas de la part de la police affairée d'une Cité de huit millions d'âmes.

On est d'emblée interpellé par le dévouement des policiers new yorkais mais aussi par leur calme olympien dans la gestion des incidents de rue. Nous avons assisté à une manifestation, devant l'église St Paul dans Lower Manhattan, d'un groupe  de personnes militant pour la libération d'un individu incarcéré. Le groupement génait l'entrée de ce lieu hautement visité, autant pour son style Renaissance que pour son exposition permanente des photos des évènements du 11 Septembre prises par les New yorkais eux-mêmes. La patience dont les policiers ont fait preuve pour déplacer le groupe est bleuffante. Les agents de police échangeaient beaucoup avec les personnes concernées et si l'une d'entre elles commençait à s"énerver, la même formulation dite avec un ton apaisant revenait sans cesse: "S'il vous plait, exprimez-vous avec calme".

Les interventions de rue de la police, que ce soit avec les SDF des parcs, les étudiants éméchés, ou les manifestants exhaltés,  sont fondées sur la parole. Je n'ai jamais vu des policiers autant discuter avec les personnes qu'ils sont amenés à gérer. A cet égard, l'agent Jackson m'avait expliqué que 90 pour cent des incidents pouvaient être désarmorcés par le dialogue, c'est en tout cas ce qu'apprennent les policiers new yorkais dans le cadre de leur formation.

Cette attitude des policiers relève de la politique  menée depuis les années 80 par les pouvoirs publics qui ont voulu faire  des forces de l'ordre de la Cité de l'Atlantique, selon l'expression consacrée, "la meilleure police du monde". Je ne sais si l'on peut considérer comme vrai ce qualificatif que le chef de la police de New York donne régulièrement, dans ses élocutions télévisées, à ses bataillons de "Blue Bloods" (surnom donné aux policiers à l'uniforme bleu nuit), mais il convient de constater que la police New yorkaise s'efforce, chaque jour, de mettre ses actes en adéquation avec la devise dont elle est si fière, "Courtesy, Professionalism, Respect", gravée en toutes lettres sur les véhicules de service.

Et si la tolérance zéro est appliqué ici à quiconque se hasarderait à enfreindre la loi, réciproquement les pouvoirs publics exigent des policiers New Yorkais un comportement exemplaire afin de conférer à New York l'image d'une ville modèle en la matière.

En qualité de visiteur d'ailleurs, on ressent au contact des agents de police leur profond attachement à donner le meilleur d'eux mêmes. Sans doute s'agit-il là encore d'une exception new yorkaise. Elle est toutefois suffisamment singulière pour donner envie de la mettre en lumière.

Texte et photos : Brigitte MAROILLAT