Ode à Brooklyn

 

Il y a des lieux qui se bonifient avec les ans et qui se construisent au fil du temps une identité qui capte l'attention et capture les coeurs. Brooklyn est de ceux-là. Brooklyn a l'âme de l'East Village et du Lower East Side réunis. Il a d'ailleurs avec celui-ci une connection directe par le pont de Williamsburg que les immigrants juifs ont emprunté, à son inauguration, en 1924, pour quitter le Lower East Side, devenu trop étroit, pour s'installer en cette terre nouvelle de l'autre côté de l'East River. Brooklyn est l'esprit nomade de New York, son âme vagabonde qui fait d'elle une citoyenne du monde, qui est de partout et de nulle part à la fois. Ici le bohème cotoie l'ailleurs. Les immigrants juifs d'Europe de l'Est ont bâti les lieux et les artistes les ont  fait grandir. Les entrepôts des factories sont devenus des ateliers d'artistes et les anciennes boutiques des galeries d'Art. Son musée est à son image,  un capharnaum organisée à la richesse insoupçonnée dont on parle peu et qui rivalise toutefois aisément avec toute les antres culturelles de Manhattan.  Brooklyn c'est le village dans la ville. Le singulier qui se conjugue au pluriel. C'est un endroit unique où la matière brut des vestiges industriels cotoie le raffinement de ses lieux de créativités artistiques. Brooklyn est également un carré vert à ciel ouvert, une fenêtre ouverte avec Dumbo, sur un panorama grandiose de Manhattan et un espace de respiration avec Prospect Park qui n'a rien à envier à Central Park. Dumbo et Williamsburg sont précisément les coeurs palpitants de Brooklyn. Ce sont ces deux versants que je vous propose de découvrir dans les articles qui vont suivre. L'un est l'accès direct à ce panorama que je viens d'évoquer. L'autre, est de par sa connexion avec le Lower East Side, le berceau des immigrants. Il n'est donc dès lors étonnant de voir se cotoyer à Willamsburg les diversités et les singularités. C'est toute l'âme de New York où les différences vivent ensemble sans heurt. Chacun  a sa culture et ses convictions propres mais, en même temps, est mu par le sentiment viscéralement ancré en lui d'appartenir à une Nation. Tel est précisément le miracle américain décrit par JFK dans son livre A Nation of Immigrants et dont New York en général, et  Brooklyn en particulier, sont des éclatantes illustrations.

Texte et photos :  Brigitte MAROILLAT