Il y a des lieux que vous ne vous attendez pas à trouver au détour d'une promenade bucolique en bord d'Hudson. Puis soudainement, alors que vous contemplez l'océan et les espaces verts, surgit de nulle part, un géant de verre et d'acier titanesque, aux structures impressionnantes, dont une serre gigantesque. Une sorte de Minotaure des temps modernes, qui veille jalousement sur les bâteaux du port dont il est le gardien. Et l'on s'attend alors à voir débarquer Ulysse de la mythologie sur un bâteau futuriste, tant on se trouve dans un univers fantasmagorique. On reste sans voix devant tant de démesure. Je vous convie à la visite de ce lieu, le World Financial Center, tel est son nom, entre rêve et réalité, entre ciel et terre.
Quand, au détour de la Battery Park Esplanade, nous découvrons le colosse de verre et d'acier, c'est un coup de tonnerre dans un ciel serein. Le visiteur d'ailleurs non averti d'une telle présence se trouve ébloui, au sens propre comme au sens figuré, par le gigantisme de ces buildings et leur parure crème à laquelle se mèlent les reflets bleus de l'Hudson River. L'oeuvre de l'architecte argentin César Pelli brille de mille feux. Les mots manquent pour décrire les dimensions vertigineuses de ces structures agrémentées d'une serre qui nous toise dans sa robe de verre bleue électrique.
L'ensemble architecturale de Pelli est composé de cinq bâtiments: le One, le Two, le Three et le Four et le Nymex Building. La serre quant à elle répond au nom poétique de Winter Garden mais son dont le décorum intérieur relève davantage d'un palais oriental. Face à un tel spectacle, on se sent microscopique. L'ensemble donne sur un vaste port qui s'ouvre sur l'immensité de l'Hudson, comme si le colosse de verre serrait dans ses bras l'Océan Atlantique tout entier.
Ce lieu, renommé depuis les attentats du 11 Septembre le "Free World Financial Center", a toujours cotoyé les Twin Towers dont le site se trouve à proximité sur Battery Place, juste derrière le géant de l'Hudson. Emerge désormais entre le One et le Two, juste au dessus du Winter Garden, la Freedom Tower. Ainsi se trouvent réunis, dans le même tableau, les symboles de la puissance financière mais également de la force de résistance de la Cité de l'Atlantique face aux évènements, aussi tragiques fussent-ils.
Si vous poussez la porte de l'immense verrière du Winter Garden, vous serez espataroufflés par ce que vous verrez (pour reprendre l'un des adjectifs préférés du chanteur-poète Claude Nougaro). Ce jardin d'hiver (dont l'escalier central et ses palmiers lui donnent des airs de Palais oriental) mène aux cinq tours qui l'entourent, hôtes d'entreprises en lien avec la finance.
ici, s'adonnent à des poses salvatrices tant les employés travaillant sur le site que les visiteurs d'ailleurs cherchant la fraicheur par jour d'été et préférant ainsi l'intérieur de la serre aux terrasses de l'esplanade qui tutoie le port. Ici, il n'y a pas de barrière entre les mondes, les costumes-cravates se mélangeant aux tenues estivales. C'est l'esprit New Yorkais qui domine, point de castes ou d'espaces réservés, la ville est à tout le monde. A tous ceux qui l'aiment et savent la contempler. 
Le Winter Garden s'offre à notre regard dans des perspectives fabuleuses. Sa verrière nous donne de splendides contre-jour sur le New Jersey.
Les palmiers qui agrémentent son immense hall (directement importés du Désert des Mojaves en Californie) accentuent le sentiment du visiteur d'ailleurs d'être dans un palais oriental, ce que sous-tend également l'escalier circulaire qui déroule ses reflets orangers jusqu'à nous.
Au coeur de New York, s'empare de nouveau de nous ce sentiment d'être autre part. Encore cette prodigieuse capacité de la Cité de l'Atlantique de nous faire voyager à l'intérieur même de ses terres vers d'autres rives. Ce qui n'est guère étonnant de la part de cette ville dont le regard est continuellement tourné vers les lendemains et les ailleurs.
L'immense escalier central constitue le marche-pied idéal pour immortaliser les lieux. La vision panoramique qui s'offre alors à nous, permet de prendre la pleine mesure de la dimension impressionnante des lieux.
Au dessus de nos têtes, de la verrière du dôme qui coiffe la serre, émerge la Freedom Tower laquelle se trouve décidément, continuellement, dans notre champs de vision et apparaît sous bien des perspectives où que l'on soit. Elle semble en effet nous suivre partout, où que l'on aille dans Lower Manhattan. Sa posture sur le site des défuntes Twin Towers n'est pas anodine et tout semble avoir été calculé afin que, quel que soit le lieu visité, nous ne la perdions jamais de vue. 
On s'est souvent gaussé en terre d'Europe du prétendu "capharnaum architectural" de New York qui se serait empiriquement construite sans cohérence. En réalité, il n'en est rien. La ville, dans sa diversité, s'est modelée en interraction avec son environnement, soucieuse de ce qui l'entoure. Pour ceux qui savent observer la Cité de l'Atlantique, rien est un hasard. Tout a été conçu à dessein même dans ses anachronismes les plus audacieux. Tout ici à un sens.
La Cité de l'Atlantique nous fait bien souvent oublier que nous sommes en terre d'Amérique. Au Word Financial Center, nous sommes incontestablement aux Etats-Unis mais avec toute l'intelligence de New York. Le gigantisme n'est pas posé là comme unique signe ostentatoire de puissance. Les lieux sont ingénieusement conçus en harmonie avec les espaces naturels qu'ils côtoient. Rien n'est discordant, les différences s'enlassent avec harmonie. Qu'elles soient humaines ou architecturales.
Quand on quitte le World Financial Center, c'est précisément la pensée qui nous habite. Et les dernières photos prises des lieux nous le rappellent. Ici, l'environnement et l'architecture poursuivent ensemble leurs cycles respectifs, et les constructions continuent à magnifier, par leur beauté, le vert écrin qui les abrite. Telle est la magie de New York.
Texte et photos : Brigitte MAROILLAT
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